C'est le 11 novembre, il est 11 heures. Je reviens à l'instant du cimetière de Damville.
Je pensais me rendre à la commémoration de l'Armistice pour rendre hommage à ceux et celles qui ont payé de leur vie la défense de notre Pays. Et que vois-je ?
Pas la moindre cérémonie ! Pas la moindre présence officielle des élus. Un petit groupe de personnes se trouvait là, étonnées comme moi, devant l'absence de tout hommage officiel.
Plusieurs personnes m'ont dit leur déception, et même leur blessure :
— "de quel droit prive-t-on Damville de la mémoire des Anciens et des valeureux qui ont offert leur vie au pays " m'a dit une personne.
— "Comment peut-on mépriser la mémoire de notre commune ?"
Voilà ce que j'ai entendu :
— "De quel droit priver Damville et les valeureux de la cérémonie ?"
— "De quel droit tout déplacer ? Tout délocaliser ?"
— "Pourquoi tout disperser ? La mémoire est ancrée profondément sur un territoire. On ne peut y attenter."
— "C'est une violence faite à notre fierté et à leur honneurs. C'est très grave."
— "Et que penser les tombes des combattants Britanniques… ces combattants qui ont versé leur sang et qui sont venus sauver notre pays ! On ne plaisante pas avec cela !"
— "Comment peut-on leur faire cela ?"
On m'a dit que la cérémonie avait été délocalisée à Condé-sur-Iton, en raison du regroupement communal. Comme si la mémoire pouvait se délocaliser…
N'importe quel sociologue le confirmera : la mémoire est liée à un LIEU. Elle est liée intimement à des êtres, à des noms. À des existences. La création administrative d'une "nouvelle commune" de regroupement ne peut en aucun cas dissoudre le devoir de mémoire tel qu'il doit s'exprimer localement selon la tradition bien ancrée.
Plusieurs Anciens Combattants de Damville, présents sur les lieux, m'ont fait part, à juste titre, de leur vive désaprobation devant cette "délocalisation". Personne ne s'oppose pas à ce que Condé-sur-Iton célèbre sa mémoire. Mais cela ne peut aucunement effacer celle de Damville, ni la dissoudre, ni la supprimer.
Je suis resté un moment, tout seul, devant le monument aux morts de Damville où
figurent les noms des victimes des guerres. J'en ai eu le cœur serré, de me retrouver seul. C'était poignant, c'était triste, d'être tout seul. Très déçu et blessé, j'ai lu en silence tous les noms écrits sur le monument. Je n'accepte pas qu'ils soient ignorés, que leur sacrifice soit balayé… en raison d'une "mesure de gestion administrative" fondée sur des critères économiques et non sur une réalité humaine.
Par ce courrier, je désire exprimer ma déception la plus profonde. On ne peut déposséder les êtres de leur mémoire en délocalisant les lieux de commémoration. C'est une erreur humaine grave.
Chaque commune doit garder sa mémoire propre, sa dignité, sa fierté.
C'est notre responsabilité devant l'avenir, que rester fidèle, ici-même, à Damville, à la mémoire.
Les personnes que j'ai rencontrées, à la sortie du cimetière étaient traumatisées par la dépossession. Je me suis rendu ensuite au café de la Citadelle. Et là, j'ai rencontré d'autres personnes qui m'ont fait part de leur déception — et le mot est faible — tant le choc a été violent.
Un vent de désapprobation souffle sur Damville et nos élus ne s'en rendent pas compte ?
Quelle erreur !
Je l'ai déjà signalé au moment de la création de "Mesnils-sur-Iton". Cette manière de défaire la mémoire est ressentie comme une attaque contre de l'identité. Et là, en supprimant la cérémonie du 11 novembre à Damville, c'est TROP.
Alors je demande, au nom des personnes avec qui j'ai parlé et en mon nom propre, au Maire de Damville et au Conseil Municipal— donc de Damville et de Mesnils-sur-Iton — de rétablir au plus vite et de manière claire les lieux de mémoire et de ne plus toucher à ce qui cimente l'identité de Damville.
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