mardi 23 octobre 2018

Mesnils-sur-iton… La mort programmée des communes.

La mort programmée de la ruralité et des communes.

Certains affirment que le regroupement des communes serait un choix judicieux pour éviter la mort des communes.

C'est là un raisonnement qui justifie à l'envers une décision en la motivant a postériori.
Or c'est exactement le contraire : le regroupement supprime les communes, diminue le nombre des élus, centralise le pouvoir, et par conséquent organise la mort des petites communes qui se trouvent englouties dans des structures plus grandes où elles ne peuvent plus exprimer leur singularité.
Peut-on appeler cela un choix judicieux ?
Et le choix de qui ?
Par la population ?

Il s'agit bel et bien d'une disparition programmée des petites communes, et cela répond d'une ambition politique de centralisation. Il y aura moins de communes, moins de démocratie directe. Moins de proximité. Un mot qu'on utilise beaucoup… justement parce qu'il y en a de moins en moins.


Il suffit d'observer ce qui se passe à Mesnils sur Iton. Six communes regroupées, bientôt neuf ou dix. En conséquence, une dizaine de communes disparaissent, dix maires disparaissent — et donc autant d'électeurs en moins désignant les Sénateurs. Autre conséquence : les candidats à la Présidence de la République doivent réunir 500 signatures l'élus. En supprimant les communes, il y aura d'autant moins de signatures disponibles. A Mesnils sur Iton, un seul donnera sa signature au candidat de son choix, en lieu et place des six  et bientôt neuf Maires issus des communes composant la Nouvelle Commune. Autant d'opinions et d'expressions confisquées.
"Très judicieux" en effet.


J'imagine que ça doit être un sacré casse-tête pour les élus des communes et pour les agents administratifs dont j'admire la patience, pour gérer cette nouvelle entité.

C'est donc bien le regroupement — reposant sur une fiction économique — au mépris de l'Histoire, de la réalité culturelle et sociale, qui génère la mort des communes et de la démocratie en faveur des grands ensembles, dinosaures des temps modernes, dont personne ne sait qui fait quoi, qui est responsable de quoi…
Aucun habitant de Damville ne sait plus s'il est Damvillais ou Ménil-itonnais. Ce Ménils demeurant une fiction dans l'esprit de tous, n'ayant ni histoire, ni esprit de corps… C'est juste une invention administrative, pensée par quelque Enarque sachant tout sur tout, imposée à la population, sans concertation.

Et on nous dit maintenant que cela serait un choix ?
La contorsion sémantique est amusante.

Et maintenant un petit exemple de complication à Damville / Mesnils-sur-Iton :
Pour réparer la petite passerelle aux étangs de Damville dont le garde-corps en bois est cassé depuis six mois, à qui faut-il écrire ?
La Mairie de Damville ? La Mairie de Mesnils ? L'INSE ? Le Conseil général ? La Région ? Et pourquoi pas au Président de la République ?
Et qui va la réparer ? Avant qu'un gamin ne passe au travers et tombe dans le canal ?